mardi 13 juillet 2010

Shanghaï, opium touristique


Je suis rentrée de Shanghai voilà deux semaines.
C'était la première fois que je mettais les pieds en Asie. On m'avait dit de ne m'attendre à rien, je n'ai pas été déçue. J'ai eu, en dehors d'un programme officiel passionnant et bien rempli, presque trois jours pour me perdre dans la ville.
Ce qui devait être un voyage de presse intéressant s'est transformé en une expérience stupéfiante, au sens médicamenteux du terme.

Tout va si vite dans cette ville sous amphétamines... Tout est si haut, si démesuré, si bruyant, si coloré. J'ai été tour à tour ennivrée par l'absence de modération de cette mégalopole qui dévore tout sur son passage, la campagne environnante, le ciel, l'eau. Déboussolée par le chaud et froid permanent du passage des quartiers populaires, sales et bondés, aux quartiers neufs, climatisés et aseptisés. Droguée par la foule frénétique qui m'a saisie et ne m'a plus laissée maître de mes mouvements. Hypnotisée par la nouveauté des sons, des couleurs. Sédatée par le raffinement des jardins, brutalement réveillée par les vapeurs toxiques de la pollution.

Je suis revenue en état d'overdose. Quinze jours plus tard, me voilà en manque.

(Photo prise par moi-même : de la terrasse du bar rouge)

mercredi 17 février 2010

Un peu de couleurs dans ce monde de brutes



Il fait gris sur Paris, il pleuviote de la neige pourrie, j'ai le teint blême et les cheveux électriques. Ma semaine est sordide, mon enquête piétine, les papiers en retard s'accumulent, et dans mon coeur c'est plus Tallinn que Copacabana.

J'ai fait une descente dans mes archives photos. Quand la situation est désespérée, on mérite bien un petit cocktail revigorant, non ?

(Dans l'ordre : la boutique M&M's de Time Square à New York, cupcakes homemade, une enseigne à Key West, une glace au thé vert à washington)

lundi 8 février 2010

Cher Ernest


A l'attention d'Ernest Hemingway,
907 Whitehead Street
Key West, Florida.


Cher Ernest,

J'ai été très impressionnée par la visite que je t'ai rendue à Key West. Quelle merveille que ton jardin ! Et ta ta piscine ! Elle t'a peut être coûté les yeux de la tête, mais elle est d'un chic! Si ta femme n'avait pas été si jalouse, j'aurais aimé y plonger et, après la baignade, lézarder un peu avec toi sous les galeries de fer forgé de la maison, à respirer l'air moîte venu du Golfe. Tu nous aurais servi une margarita puis une deuxième : on aurait parlé de choses et d'autres, de voyages, de reportages et de ton chat à six orteils. Et qui sait ? Personne ne te résiste, Ernest...
J'aimerais beaucoup, lors de ma prochaine visite, m'installer dans ton bureau, si bien sûr tu n'en as pas besoin. Je voudrais faire courir mes doigts sur la tranche de tes livres, les poser sur les touches de ta Remington : l'inspiration me viendra. ET si je somnole sur ta méridienne, peut-être partagerai-je tes rêves ?

Cette petite pièce si calme m'obsède, Ernest. Je vais maintenant ouvrir "En avoir ou pas", comme je l'ai fait en quittant Key West. Ce sera comme si j'étais encore un peu avec toi.

dimanche 7 février 2010

Headband


Headband... Avant, on appelait ça un bandeau, mais ça faisait sans doute trop Véronique et Davina aux yeux des rédactrices de mode. Va donc pour headband.

Depuis que j'ai compris à quel point ils pouvaient sauver un jour de tourmente capillaire, je suis obsédée des headband. C'est mignon, joliment rétro, et ça rend sophistiqué la broussaille la plus dense. Ceux de Ban-Dô m'ont pâlir d'envie. Jusqu'à ce que je me décide à sortir perles et aiguilles pour customiser des bandeaux H&M.

Voilà mon premier né...

(Photo et bandeau Serendipity)

The Bagel Experience


Prise d'une soudaine nostalgie new yorkaise ce matin aux aurores (11 heures...), j'ai décidé de tenter une "Bagel Experience". J'ai exhumé de ma collection de "Elle" le numéro d'il y a trois semaines qui contenait une recette de bagel. Qu'est-ce que j'aime ces petits pains à trous! Ca me rappelle les matins à Brooklyn, où nous partions à l'assaut de la ville, lestés d'un demi-litre de jus de chaussette et d'un de ces fameux bagels au cream cheese et à la myrtille. Même si ici, la seule destination qui pourrait faire illusion, c'est la mini statue de la Liberté de l'île aux Cygnes, ça ne m'a pas découragée pour autant.
Forcément, Mr B., mon Mr. Big à moi, qui est d'une américanophilie hors norme, a applaudi des deux mains. Et je me suis retrouvée de la farine jusqu'aux coudes à pétrir vigoureusement, faire de petits boudins, les rouler en couronne. Ce soir, avant le dîner, je les ai pochés dans de l'eau additionnée de cassonnade, sel et fécule de pomme de terre puis cuits.
Et les voilà. Pas si mal, non ? Un peu trop petits, mais vraiment croustillants. Ne me manque plus que cette ingénieuse installation aperçue à Boston : un circuit automatisé de sciage-réchauffage-tartinage de bagels, mais on fera sans.
Ce soir, c'est superbowl.
Mr B. est déjà à fond ("Go Saints!"). Mais côté intendance, la championne c'est moi.

dimanche 31 janvier 2010

Méchantes filles


Mes méchantes petites ballerines m'ont fait si mal aux pieds que les voilà punies. Au coin les Louboutin! Vous n'êtes pas prêtes de ressortir du placard (du moins jusqu'à ce que mes ampoules soient cicatrisées)

mercredi 27 janvier 2010

Les aléas du direct


Une dizaine de jours par mois, je tiens une chronique de 5 minutes sur une radio nationale avec laquelle mon journal a un partenariat. Cela se passe à distance, dans une petite cabine insonorisée avec une connection sécurisée. Cela fait maintenant trois ans que je cause dans le poste... Et pourtant, c'est toujours une abondante source de stress.
C'est tôt, très tôt... Si je ne suis pas levée à 6 heures, cela s'annonce mal et si je n'ai pas quitté la maison à 6h45, je vais au devant de graves ennuis. Mes petites affaires sont prêtes la veille au soir - ce n'est pas ce jour-là que j'ai le temps de faire la coquette et d'essayer un assemblage pointu.

7h15, je suis devant mon ordinateur.
le thème a été décidé la veille avec le présentateur de la matinale, mais la chronique contient une bonne part d'actualité. Il me faut donc, en une demie heure chrono, dépouiller la presse, les fils d'agence, faire un petit brainstorming avec mon collègue de permanence, affiner un angle, écrire, d'une manière aussi claire que possible pour éviter les euhhhh à l'antenne, mais pour que mon texte ait l'air à la fois maîtrisé et naturel... Et autant que faire se peut être pétillante et pleine d'entrain.
Et tout ce temps là, j'ai peur : peur que la liaison soit rompue, peur de ne pas trouver mes mots, peur de passer à côté du sujet, peur du lieu commun, ou de l'erreur sur les faits...Ou pire, peut de ne pas être à l'heure dans ma petite cabine. Un blanc, même de 10 secondes, en radio, c'est long... Mais c'est une peur stimulante, agréable, une tension délicieuse. Comme un rendez-vous. J'ai rendez-vous avec des gens qui se rasent, des gens dans les embouteillages, des auditeurs attentifs et d'autres, plus réticents, que je vais essayer de mettre dans ma poche.

Alors, je me prépare.
Ce moment est rare et suspendu. La rédaction est déserte, à part la dame du ménage, un permanencier et une souris qui en profite pour piller nos réserves de chocolat. L'open space est plongée dans la pénombre. Je prends mon premier thé de la journée pour essayer de m'éclaircir la voix, j'écris, je lis à haute voix, je reformule si une phrase me fait buter (règle numéro un : ne jamais s'acharner sur une phrase qui ne veut pas passer).

7h45 : Coup de feu, je suis fin prête, lance une impression en gros caractères de mes notes, je connecte la ligne, mets mon casque, règle le micro, vérifie les niveaux sonores, le retour. Petit test de voix avec le technicien. Je lui transmets le lancement pour que le présentateur sache où je l'emmène.

C'est parti. C'est du direct. Une inspiration et 5 minutes en apesanteur, à appuyer mes mots de grands gestes dans mon bocal. Je prends mon texte à bras le corps, j'essaie de lui donner vie, de le mener à son terme sans faiblir, en respirant comme un sportif, en posant ma voix pour qu'elle ne parte pas dans les aigus.

C'est fini. La tension retombe. La rédaction se peuple, le jour se lève, la magie du direct s'estompe doucement, jusqu'à la prochaine fois.

dimanche 24 janvier 2010

Petit coing de paradis


C'est vrai qu'il n'est pas sexy.
Tout bosselé, Le teint jaune et tout taché, la peau duveteuse qui pèle, complètement passé de mode et avec ça, un coeur dur comme du bois.
Pourtant, ce matin, j'ai pris mon courage à deux mains, et j'ai préparé trois petits coings qui sont allés rejoindre dans une casserole trois poires un peu trop mûres.
Bien sûr, j'ai oublié la casserole sur le feu, mais juste ce qu'il faut pour que le tout caramélise.
Ca embaume toute la maison.
Ce soir, pour mettre un peu de bonheur dans un dimanche bien maussade, il ya aura cette délicieuse compote acidulée et légèrement grumeleuse... Un petit coing de paradis rétro.

vendredi 22 janvier 2010

Project Uniform : un an - une robe...







Ca dure depuis mai 2009, ça marche, et ça fait travailler l'imagination. Sheena Matheiken, designer américaine, poursuit son projet : The uniform project.

L'idée : avec une seule robe noire, inspirée de l'uniforme scolaire qu'elle portait enfant, en Inde, elle va faire un tour de calendrier. Côté accessoires et pièces rapportées, tous les coups sont permis. Elle lance des appels aux dons pour les chapeaux, broches, ceintures... Mais aussi pour un projet scolaire en Inde, la vraie finalité du projet. Classe académique, non ?

jeudi 21 janvier 2010

Mange un muffin, ça ira mieux


Temps de stress dans l'open space. La presse est en crise et ma rédaction, comme les autres, est sur les nerfs. Plutôt que de la voir sombrer dans l'alcoolisme (une maladie professionnelle, c'est ce qu'on m'a enseigné à l'école de journalisme), je préfère mettre la main à la pâte. Voici la livraison du jour. Muffins myrtilles et noisettes.

Prends un muffin, ça ira mieux! Allez!

On cesse de maugréer et on se remet à son enquête, maintenant. Mais on ne parle pas la bouche pleine au téléphone!

Missed Connections


Petites merveilles pétillantes et facétieuses: ces dessins de Sophie Blackhall, qui illustre les messages des rencontres manquées à New York du site américain de petites annonces Craiglist.

Plus poétique que les messages en sms de "20 Minutes", non ?

mercredi 20 janvier 2010

Ma vie de flou



10 ans de travail sur ordinateur et un mauvais tirage génétique ont eu raison de mes yeux : je suis myope depuis quelques années et c'est de pire en pire.

Cela doit-il m'obliger à corriger ma vue ? Si j'étais disciplinée et rationnelle, c'est sans doute ce que je ferais. Mais je ne peux pas mettre de lentilles, car j'ai les yeux aussi secs que le coeur... Et les lunettes, selon les modèles, me donnent l'air d'une secrétaire perverse, d'une matheuse cubant sa prépa ou du "Aignan" du petit Nicolas en fille. Mon dernier choix de monture a été si calamiteux (rondes et blanches translucides, je ressemble à Jean Roucas) que mes lunettes restent gentiment au fond de mon sac. Même au cinéma, j'attends que la salle soit noire pour les sortir.

Alors, je renonce à lutter contre ma myopie et tant pis si ma gentille collègue Ludivine m'en veut depuis que je l'ai appelé Bernard, du nom d'un éditeur alcoolique au cheveu rare et gras avec lequelle je l'ai confondu de manière totalement injuste. Tant pis si, lors de mon dernier entretien d'embauche, j'ai ignoré superbement ET PENDANT TROIS BONNES MINUTES la gentille red'chef qui devait me recevoir et qui m'attendait à l'autre bout du hall en me regardant fixement. Tant pis si je demande systématiquement à mon voisin d'open space si c'est bien l'infographiste qui vient de passer dans le couloir (La réponse est, dans 90% des cas : "non, c'était le chef de pub/le laveur de carreaux/la dame de la compta/un ours polaire", je sens qu'il va exploser).

J'assume ma myopie qui présente finalement de nombreux avantages. J'ai l'air de rêver en permanence puisque je ne fixe rien. Dans mon monde flou, il n'y a ni voitures, ni publicités. Les lumières se diffusent en halos, le moindre paysage ressemble à un sfumato de Leonard de Vinci et la brume est permanente.

Mes vis-à-vis du métro sont tous beaux et je n'ai pas de rides. J'ai trouvé le Photoshop du quotidien.

mardi 19 janvier 2010

Journalisme : l'enfer du style




Les journalistes de ma rédaction sont intelligents, brillants, ils cherchent la petite bête, ils ont souvent le mot juste et l'accroche qui fait mouche.

Mais comment, comment, comment se fait-il que leur sagacité s'arrête à la porte de leur dressing ? Au quotidien, il ne m'est pas rare de croiser des choses aussi révoltantes que des débardeurs en laine camel porté sur des chemises à carreaux boutonnées jusqu'au cou et un petit ventre signalant l'abus de déjeûners de presse bien arrosés. Et ce n'est pas tout : rapide panorama à 180°, de gauche à droite :

-Une chemise en vichy vert dépassant d'un jean délavé, taille haute et feu de plancher.

-Une polaire rouge brique sur pantalon de costume.

-Une cravate en tricot. Sans les atours dandy qui pourraient en faire un accessoire pointu, cela va sans dire. Elle accompagne un costume vert bouteille et une chemise au col si élimée qu'on n'oserait même pas la donner à l'Armée du Salut. Bonjour, cher red'chef !

- Un pantalon en velours porté "à la de Gaulle", c'est à dire sous les aisselles. Le propriétaite vient de fêter ses 36 ans, et il aime aussi les pulls jacquard en acrylique.

-Un mariage audacieux de pull camioneur et de cravate fuchsia. C'est un manifeste, visiblement : certains de mes collègues ont décidé de ne pas choisir entre sportswear et attributs de trader.

-L'honneur est sauvé par mon voisin d'en face qui fait tailler de très belles chemise col mao à Hong Kong et par un rédacteur en chef très élégant dans le genre old school (costumes de lin blanc, chapeaux... Voir l'illustration).

J'ai beaucoup de collègues hommes, vous l'aurez compris. Du côté du petit bastion féminin, c'est la Bérézina

-Floraison de perles saumon, pantacourts, mi-bas et mocassin Todd's (oui, les quatre à la fois).

-Du sportswear, encore, avec une prédilection pour les matières "techniques" de Décathlon.

-Un décolleté outrancier bordé de fourrure sur poitrine opulente et jupe mi-gros-mollets.

Le drame, c'est que si l'on excepte la presse féminine, où être une fashonista est une clause contractuelle, et la télé, où c'est une question de survie... C'est toute une profession qui est en détresse stylistique.

Glamour, le journalisme ? Tu parles ! Rien de plus déprimant qu'une conférence de presse, nid de sacs à dos avachis, de vestes en velours cotelé, de chemises doûteuses et de tailleurs moutarde.

Pourquoi ? Mon analyse optimiste, c'est que pour cette profession qui doûte, qui court aux basques des puissants et se complait dans les questions convenues, faire fi des codes et du goût, c'est le dernier moyen de manifester un semblant d'indépendance. Une solution pour dire que l'apparence n'intéresse pas le reporter, qui va sous la surface des choses.

L'hypothèse pessimiste, c'est que la glorieuse confrérie à laquelle j'appartiens a aussi peu de style que d'éducation. Mais ça, c'est une autre histoire... Bientôt, je vous raconterai les plus belles rustreries qu'il m'ait été données de voir en voyage de presse.


lundi 4 janvier 2010

Démaquillée comme une voiture volée ?


Double plaisir aujourd'hui.
Le premier très apprêté, le second sans apparat.

Ce matin, j'ai passé une heure entre les mains d'une maquilleuse.
Ce soir, j'écris mon premier billet.
Ce matin, les poudres magiques m'ont transformée en poupée de télé et ce soir je suis sans fard, et finalement pas beaucoup plus à l'aise!